Quelle est ta fonction actuelle ?
En tant que COO, j’assure la direction opérationnelle. Cela comporte plusieurs aspects : le déploiement d’une approche uniforme pour les différentes promotions immobilières et l’actif en portefeuille, la mise en place et le déploiement d’outils et de méthodes… Je dois aussi veiller à ce que les compétences nécessaires soient présentes en développant la nouvelle équipe et bien d’autres choses encore.
Je prépare également, avec notre CEO, les points à l’ordre du jour du Conseil d’Administration.
Cela porte sur le business plan pluriannuel des promotions immobilières et les reportings financiers périodiques. Cela concerne aussi la nouvelle stratégie pour ce que nous appelons en interne “Banimmo 2.0”. Nous avons fait pour cela, au cours du premier semestre, un exercice au niveau du contenu et de la forme avec l’équipe de direction. Maintenant que notre nouvelle identité corporate a été approuvée par le CA, nous allons la rendre visible à la fin de l’année. Whatch your social media (rire).
Tu es architecte-ingénieur de formation, cela te sert-il dans ton job actuel ?
C’est une question difficile. De nombreuses formations universitaires ne se transposent pas directement à ce que vous ferez par la suite.
Je pense qu’aujourd’hui, je recueille toujours les fruits de cette formation, qui touche au créatif, à la culture et à la technique. J’ai suivi des cours optionnels tels que l’anthropologie, l’histoire de l’art et le cinéma. Cette ampleur et cette variété me conviennent.
La méthode de formation a été un autre outil d’apprentissage important. Le fait de devoir respecter des échéances, d’y passer des nuits, pour préparer des présentations pour un jury, le travail d’équipe, etc. Tout cela a grandement façonné mes compétences relationnelles. Même si je n’en avais pas conscience à ce moment-là.
As-tu également suivi des formations en relation avec l’immobilier ?
Rien de spécifique. À l’époque, j’ai choisi de suivre le Middle Management Programme de Vlerick. De nombreuses relations de mon réseau professionnel faisaient un Master en Immobilier. Pour moi, il était important d’un peu sortir du réseau immobilier, d’apprendre comment les processus industriels étaient envisagés dans d’autres secteurs.
Pendant tes études, avais-tu déjà une idée claire de ce que tu voulais faire ?
Absolument pas. Pendant ma formation, je n’avais aucune idée des possibilités. Je n’y ai pas non plus accordé une grande attention. À ce moment-là, je me voyais plus comme quelqu’un de créatif que comme manager (rire).
Comment as-tu évolué au fil de ton parcours pour arriver là où tu en es aujourd’hui ?
Jusqu’à ce jour, ma carrière a suivi une évolution naturelle. J’ai commencé avec un stage où je travaillais à la fois chez un architecte et dans un bureau d’ingénieurs en techniques et stabilité. En peu de temps, j’ai appris de nombreuses choses dans ces trois domaines.
C’était un peu un hasard, à l’époque. Toutefois, cela a jeté les bases de mes choix professionnels ultérieurs. À chaque fois, mes choix en étaient un prolongement. Pendant mon stage, j’ai choisi de suivre une formation de coordinateur sécurité. Stefan Martel m’a recruté pour aller travailler chez Bopro comme responsable de projet et maître d’ouvrage déléguée. Dans ce rôle, j’ai acquis une grande expérience dans de beaux grands projets et créé une bonne base pour arriver chez Extensa en tant que Head of construction. Je suis ensuite devenue COO de House of Development avant d’arriver chez Banimmo.
Ma carrière n’a pas toujours été un ensemble de choix conscients mais logiques.
La plupart des étapes entreprises sont principalement liées au fait d’avoir rencontré les bonnes personnes au bon moment.
As-tu connu des revers au fil de ta carrière ?
Pas vraiment. Cela ne veut toutefois pas dire qu’il n’y a pas eu de mauvais choix. J’ai par exemple été me présenter chez Eurostation comme “the new right women on the spot” lors du lancement du projet de la gare de Malines. C’était le seul choix professionnel qui n’était pas lié avec des “déclencheurs” humains. Je suis arrivée dans une culture d’entreprise qui n’était pas la mienne, et dans une équipe de management qui ne m’inspirait pas. Six mois plus tard, j’étais repartie.
Ce mauvais choix m’a appris qu’outre le contenu du travail, la culture de l’entreprise, ses normes et une bonne dose de respect pour le boss pour lequel je travaille forment un trio indispensable pour que je me sente bien dans mon travail.
Et par extension, cela s’applique à chacun d’entre nous.
Pour le reste, je ne peux pas vraiment parler de revers. À chaque fois que j’ai changé de fonction ou d’entreprise, il y avait une bonne raison. Mais ce n’étaient pas des revers. Cela concerne les perceptions d’une entreprise, d’événements qui font que vous recevez plus d’énergie négative que positive.
Qu’est-ce qui te passionne le plus dans ton travail ?
Pour le moment, je me charge principalement de la direction opérationnelle. Mais j’aime toujours me rendre sur chantier. La variété des personnes que vous y rencontrez, l’odeur du béton et du bois,… Cela m’a toujours rendu heureuse (rire).
Mon job, c’est 90% de gestion humaine et 10% de technique. Chaque jour, il faut gérer des personnes, faire en sorte que tout le monde aille dans la même direction, permettre aux gens de s’épanouir et veiller à ce qu’ils soient heureux dans leur travail et leur équipe. C’est pour moi un processus très conscient, et quelque chose que j’aime bien faire.
Qu’est-ce qui te plaît moins dans le secteur ?
À un moment donné, j’avais l’impression de travailler dans un monde très dur. J’étais confrontée à la réputation du monde immobilier. Je n’ai par exemple jamais osé dire, lors des réunions de parents pour mon fils, que j’étais promoteur immobilier. Je disais que je travaillais dans le bâtiment, et les gens m’imaginaient ferrailleur sur chantier… (rire).
Je n’ai plus ce sentiment aujourd’hui. J’ai appris que dans notre secteur immobilier, il peut y avoir de nombreuses nuances de douceur. Et que cette douceur peut être un choix conscient dans l’entreprise et que cela se construit de manière solide.
As-tu dû faire des sacrifices au fil de ta carrière ?
Je n’en ai pas l’impression. J’ai eu une période où je travaillais trop, où je ramenais mes soucis du travail à la maison. J’ai arrêté lorsque j’ai compris que mon supérieur de l’époque n’en faisait pas autant que moi (rire).
Je n’ai de ce fait pas l’impression d’éprouver des difficultés à maintenir mon équilibre vie privée et vie professionnelle. Je suis juste conséquente dans mes priorités. Lorsque mon fils Lowie était plus petit, je commençais par exemple tous les vendredis à 6 heures, pour pouvoir terminer à 14.30 heures. Je voulais pouvoir attendre mon fils avec les autres parents, devant l’école, au moins une fois par semaine. Peu importe ce qu’il y avait dans mon agenda, chacun tenait au final compte de cette interprétation étendue des horaires flexibles. En fait, certains patrons avaient besoin de temps pour le comprendre… (rire).
Vois-tu une grande différence entre les gens de ta génération et la nouvelle ?
Je pense qu’il y a des différences oui. Lorsque ma génération a commencé à travailler, c’était “work hard, play hard” avec les collègues. Je ne vois plus vraiment ça dans la jeune génération.
Les jeunes sont plus malins. Ils gèrent leur équilibre vie privée-vie professionnelle de manière bien plus consciente que nous.
Quel conseil donnerais-tu aux starters dans l’immobilier ?
Faites des choix professionnels mûrement réfléchis.
Si vous choisissez un certain job, veillez à avoir ces trois éléments indispensables pour vous amuser au travail : un contenu intéressant et enrichissant, le fait de partager les mêmes valeurs que l’entreprise et le fait de trouver une personne qui vous inspire dans l’entreprise. Une personne que vous admirez. Il peut s’agir du CEO, mais aussi d’un collègue plus expérimenté.
Qui t’a inspiré dans ta carrière ?
J’ai toujours eu une personne qui m’a inspirée dans mes différentes fonctions. Mais je préfère ne pas donner de noms (rire).
Comment te vois-tu évoluer ?
Je perçois encore de nombreuses opportunités de croissance pour Banimmo et chez Bannimmo. Dans les années à venir, j’espère participer à la réalisation des objectifs, contribuer au développement de la nouvelle identité corporate de Banimmo.
Personne ne sait ce que l’avenir nous réserve. Mais qui sait, une fois que mon fils aura quitté le nid, j’opterai peut-être pour une carrière plus internationale ?
Qu’est-ce qui te motive ?
J’aime notre produit et collaborer avec les gens. C’est avec cet amour que je veux améliorer le secteur. Je veux faire partie de la solution pour notre planète et ne plus faire partie des principaux problèmes.
Ce n’est pas uniquement revendiquer que le monde est durable. C’est une question d’authenticité et de sincérité. Et d’être à nouveau conséquent. Ce que j’essaie de faire sur le plan personnel, j’essaie de le transposer à mon travail.
Quel genre de manager es-tu ?
J’ai de très grandes antennes. Je trouve important de ressentir qui est en face de moi et d’adapter mon style de leadership ou de management à la personnalité de la personne ainsi que d’appliquer les principes du leadership situationnel. Savoir lire entre les lignes, comprendre et ressentir ce qu’une personne veut dire, et ce qui est sous-entendu.
J’ai parfois une trop grande franchise (rire). Je sais d’expérience que les gens apprécient cette franchise et sont francs en retour. Un client ou une contrepartie communiquera de ce fait spontanément de manière plus ouverte, plus authentique. Chacun sait ce qu’il en est et cela permet d’aboutir plus rapidement à des solutions ou des conclusions.
Et enfin, j’accorde une place centrale à l’humain, toujours. Les gens sont toujours plus importants que n’importe quel autre objectif. Si des gens vivent quelque chose de difficile dans leur vie personnelle ou en cas d’urgence, il faut toujours y donner la priorité.
Comment vis-tu le secteur immobilier en tant que femme ?
J’ai toujours été heureuse en tant que femme dans le secteur, et ce depuis le début. Au cours de mes premières années, je trouvais même que c’était un avantage. En tant que femme et junior, si vous vous positionnez clairement, vous êtes bien plus vite acceptée et respectée que vos homologues masculins.
Je ne crois pas aux différences stéréotypées entre les hommes et les femmes, mais au fil des ans, j’ai perçu une complémentarité. Il s’agit de caractéristiques plus masculines ou plus féminines.
Et depuis qu’il y a un “club féminin” dans notre secteur, j’ai compris que les femmes peuvent et doivent s’entraider. Et que nous pouvons aussi utiliser notre réseau plus intelligemment (rire).
Entretien mené par Archibald
Remerciements à Liesbeth Keymeulen & Banimmo